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Jouer dans l’eau, un risque d’intoxication pour les chiens ?

Votre chien adore se baigner et courir dans l’eau après un frisbee, une balle ou un bâton ? Soyez vigilant, car même si le risque est faible, il court peut-être un danger. En dehors des risques « classiques » liés au jeu (blessures, fatigue, coup de chaleur…) ou à la proximité de l’eau (noyades…), il peut être victime d’une intoxication due spécifiquement à l’absorption ou au contact de l’eau.

L’intoxication à l’eau de mer (hypernatrémie)

Circonstances d’apparition

Le chien, en allant rechercher un jouet jeté dans les vagues, ou tout simplement en buvant parce qu’il a soif, avale une grande quantité d’eau de mer. Or celle-ci est très riche en sels minéraux, et en particulier en ion chlorure de sodium ou NaCl. Cette ingestion augmente le taux de sodium dans le sang de l’animal (on parle d’hypernatrémie pour qualifier l’excès de sodium dans le sang). Pour établir l’équilibre, l’organisme utilise l’eau contenue dans les cellules en la transférant vers le sang. Ceci diminue alors la concentration sanguine en sel ; celui-ci est ensuite éliminé dans les urines après filtration par les reins. Cet appel d’eau des cellules vers le sang crée une déshydratation des cellules, ce qui provoque leur destruction et la destruction des organes qu’elles composent. La mort survient lorsque des organes vitaux sont détruits.

> Contrairement à une idée répandue, l’eau de mer est beaucoup plus salée que le sérum physiologique : la salinité de l’eau de mer est de 3,5 %, contre 0,9 pour le sérum physiologique.

Les chiens de petite race sont particulièrement à risque car ils sont souvent infatigables quand il s’agit de jouer dans l’eau et peuvent absorber, proportionnellement à leur taille, de grandes quantités d’eau.

Symptômes 

Le 1er signe d’intoxication est une soif intense, suivie par des symptômes urinaires et digestifs : augmentation de l’émission d’urine, salivation, nausées, vomissements puis diarrhée (très liquide, profuse et teintée de sang et/ou de mucus). Cette diarrhée, quelquefois appelée « diarrhée de plage », est très caractéristique. Puis s’installent les signes nerveux : léthargie, démarche chancelante, tremblements, chute, perte de conscience, convulsions, coma. Le décès survient en quelques heures.

> La sensation de soif intense, présente en début d’évolution, disparaît lorsque les lésions neurologiques s’installent.

Prévention 

Surveiller attentivement le chien pour qu’il ne boive pas trop d’eau de mer. Éviter de lui lancer des algues ou des galets qui coulent. Lui proposer régulièrement de l’eau douce dans une gamelle. Après la baignade, le rincer à l’eau douce avant qu’il ne se lèche les poils.

Comment réagir ?

  • Si les symptômes sont uniquement digestifs (vomissements / diarrhée) sans atteinte de l’état général, il suffit de mettre le chien à la diète pendant 24 heures tout en le réhydratant progressivement (lui faire boire de l’eau douce en petite quantité et régulièrement).

  • Si le chien est abattu et présente un des signes nerveux décrits précédemment, il faut l’emmener d’urgence chez le vétérinaire.

L’intoxication à l’eau (ou hyponatrémie)

Circonstances d’apparition 

Le chien, en allant rechercher le jouet dans l’eau d’un lac ou d’une rivière, ou en buvant parce qu’il a soif, avale une grande quantité de liquide. Il se passe alors le phénomène inverse de l’intoxication à l’eau de mer. Sous l’effet du déséquilibre ionique (l’eau douce est moins concentrée en NaCl que le sang), un important appel d’eau du sang vers les cellules se produit. Celles-ci se gonflent d’eau, on parle d’œdème cellulaire. C’est l’œdème cellulaire au niveau du cerveau qui est particulièrement dangereux car les lésions des cellules cérébrales sont potentiellement mortelles.

Les chiens de petite race sont particulièrement à risque car ils sont souvent infatigables quand il s’agit de jouer dans l’eau et peuvent absorber, proportionnellement à leur taille, de grandes quantités d’eau.

Ä Cette hyponatrémie liée à une hyperhydratation affecte aussi les humains sportifs adeptes des épreuves d’endurance, en particulier des marathons et des épreuves plus longues (ultras, trails, triathlons, ironman…) lorsque les apports en boissons pauvres en sodium dépassent largement les pertes sudorales.

Symptômes

Fatigue et confusion, léchage excessif, perte d’appétit, vomissements, estomac gonflé, pupilles dilatées, difficultés à respirer et perte de conscience. La mort peut survenir en quelques heures.

Prévention

Surveiller attentivement le chien pour qu’il ne boive pas trop d’eau. Préférer une promenade en laisse à des baignades prolongées.

Comment réagir ?

Consulter en urgence un vétérinaire.

L’intoxication par les algues bleues

Circonstances d’apparition 

Les «algues bleues» sont en réalité des cyanobactéries (microorganismes qui sont à la fois des bactéries et des algues) qui prolifèrent en eau douce lorsqu’il fait chaud. Pour se développer, elles ont besoin d’azote et de phosphore ; les eaux contaminées par des rejets agricoles ou polluées à cause du tourisme intensif sont donc particulièrement touchées, surtout si elles sont stagnantes ou de faible profondeur. Les algues bleues sécrètent deux types de toxines : des hépatotoxines et des neurotoxines (les plus fréquentes). Le chien s’intoxique en buvant l’eau contaminée, en consommant directement des boulettes d’algues ou en léchant des cailloux ou des bâtons contaminés.

Comment repérer les algues bleues ?

Lorsque les algues sont présentes à la surface de l’eau, elles lui donnent une coloration bleu-vert très intense. Elles peuvent également se regrouper en boulettes qui restent accrochées sur les rochers. Lorsqu’elles se déposent sur les berges, celles-ci se recouvrent alors, en séchant, d’une croûte marron foncée dont l’odeur est très appétissante pour les chiens.

Symptômes 

  • En cas d’intoxication par des neurotoxines : salivation excessive, puis tremblements musculaires, convulsions, paralysie et perte de conscience. La paralysie des muscles respiratoires entraîne une cyanose (gencives et muqueuses bleues) et une asphyxie mortelle. La mort peut survenir en moins d’une heure ;

  • En cas d’intoxication par des hépatotoxines : vomissement, diarrhée sanguinolente, selles très noires (« goudronneuses »), faiblesse, gencives et muqueuses pâles, ictère (muqueuses jaunes). La mort survient en quelques heures ; elle est due à un choc hypovolémique par hémorragie importante au niveau du foie.

Prévention

Respecter strictement les interdictions de baignade ou de pratiques d’activités nautiques mises en place lorsque les autorités sanitaires détectent la présence de cyanobactéries dans l’eau. Ces interdictions sont valables pour l’homme et les animaux ! En dehors des lieux surveillés, observer attentivement la coloration de l’eau et l’état des berges avant de laisser le chien jouer et se baigner.

Comment réagir ?

En cas de contact avec des algues bleues, rincer le chien à l’eau courante (surtout pas avec l’eau de la rivière !) et consulter en urgence un vétérinaire en cas d’apparition de symptômes. Si possible, prélever un échantillon d’eau afin de procéder ultérieurement à des analyses.

Et l’intoxication par les algues vertes ?

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une intoxication à l’eau de mer. Les algues vertes, dues aux rejets agricoles, dégagent des gaz toxiques (hydrogène sulfuré) en se décomposant. Ces gaz peuvent tuer comme du cyanure, en quelques minutes. Les plages bretonnes sont particulièrement touchées.

Et la piscine ?

Si vous avez la chance de posséder une piscine, il faut absolument empêcher le chien de s’y baigner. Outre l’aspect hygiénique (les impuretés présentes dans le pelage du chien telles que poussières, peaux mortes, parasites… se retrouvent dans la piscine, sans parler des poils qui risquent de boucher le filtre), les produits chimiques, le chlore ou le sel utilisés pour le traitement de l’eau peuvent être responsables d’intoxication du même type que celles décrites précédemment.

Le but de cette fiche est de vous faire prendre conscience des dangers qui existent lorsque votre chien se baigne en eau de mer ou en eau douce. Il est bien sûr hors de question de lui interdire les baignades, mais simplement de se montrer vigilant afin d’éviter que ce moment de détente et de complicité ne vire au cauchemar !

Coordonnées

  • Clinique Vétérinaire de Diane
    26 rue Victor Hugo
    60500 Chantilly - Gouvieux
  • Tél : 03 44 58 28 48

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